solitude

  • Solitude....

    solitudeSaviez vous que la solitude, est considérée comme un déterminant du déclin cognitif chez les personnes âgées ?
    La solitude touche plus de 5 millions de Français et ce sont les personnes âgées qui sont le plus concernées ; en effet, 1 personne âgée sur 4 est seule (rapport sur les solitudes de la Fondation de France). Face au déclin cognitif, la solitude apparaît, de plus en plus, comme un élément de risque majeur. Quand survient la maladie, le maintien ou la restauration du lien social doit être au cœur de toute stratégie d'accompagnement et de soutien. C'est la raison pour laquelle, Jacques Frémontier, éditorialiste et journaliste bénévole, a réalisé un dossier sur le thème « solitude et maladie d'Alzheimer », à partir de 200 articles issus de la revue de presse mensuelle nationale et internationale de la Fondation Médéric Alzheimer.

    Les principaux enseignements de cette analyse :
    La solitude est désormais considérée par de nombreux chercheurs comme l'un des déterminants du déclin cognitif : « Les personnes âgées confrontées à la solitude auraient deux fois plus de risque de développer la maladie ». La solitude pourrait affecter des parties du cerveau dédiées à la connaissance et à la mémoire.

    La maladie d'Alzheimer, expérience de la perte du pouvoir sur soi-même, ne fait qu'aggraver cette solitude « faite de vide, d'abandon, de déréliction ». Elle aboutit à un délitement progressif du tissu relationnel, modifiant en profondeur la relation au monde de la personne malade.

    La solitude des aidants familiaux face à la maladie aboutit à ce que 38% d'entre eux meurent avant la personne dont ils ont la charge.

    La priorité, c'est donc de lutter contre cette solitude et, avant tout, de la repérer.

    La prise de parole par des personnes malades qui en ont la capacité constitue une des révolutions des dernières années. D'ailleurs, le soutien par les pairs, c'est-à-dire les autres personnes malades, devient peu à peu une réalité, surtout dans les pays anglo-saxons.
    En France, la mobilisation de toute la société civile fait ses premiers pas, encore timides.

    source : http://www.capgeris.com
    crédit photo : http://citationsurlavie.blogspot.fr

  • Témoignage

    « Tout ça pour expliquer combien les aidants sont seuls, vraiment seuls » : le témoignage bouleversant de M., aidante
    soitudeRéconcilier les soignants et les soignés, telle était l’ambition de Baptiste Beaulieu quand il ouvre son blog, "Alors voilà", en 2012. La semaine dernière, le jeune médecin y a publié une « lettre à l’aidé », le témoignage bouleversant d’une aidante.

    Quatre ans, deux livres et des millions de lecteurs plus tard, la formule n’a pas changé.

    Sur son blog, Baptiste Beaulieu raconte le quotidien à la fois drôle et tragique des patients, des professionnels de santé et des familles, des « tranches de vie hospitalières » qui viennent insuffler une grande bouffée d’humanité à notre perception du monde médical.

    Le 4 août, il offre aux lecteurs un plongeon poignant dans le monde des aidants, qu’il introduit par ces mots :

    « Aujourd’hui je relaie le témoignage de M., un long texte bouleversant sur la difficulté que traverse les « aidants » (je sais que beaucoup d’entre vous se reconnaîtront. À eux je veux dire : courage). »

    Le vide qui se fait autour de soi, les perpétuelles batailles administratives, la santé de l’aidant qui se dégrade, les montagnes d’énergie à déployer…

    « Tout ça pour expliquer combien les aidants sont seuls, vraiment seuls (…) Et je suis fatiguée. », conclut M.

    Le témoignage :

    Ça fait bientôt 15 ans…
    Un jour de juin 2001, un face-à-face contre un camion. On m’annonce que tu es cassé de partout, fracture ouverte du fémur, contusions pulmonaires gravissimes, trauma crânien et autres… « Préparez-vous au pire, madame ». Je te vois : je ne sais si tu es inconscient parce qu’on t’a sédaté ou parce que tu es trop cassé…
    Intubé, ventilé, drains thoraciques, je te parle et te dis que tu vas t’en sortir, qu’on t’attend…
    Puis le miracle : tu survis.
    Tu te réveilles doucement, et on te retire tes drains, et tu pars en orthopédie.
    Mais ce n’est que le début du combat.
    On est en juillet, alors l’hôpital ferme ses lits, et on te renvoie à la maison, en fauteuil roulant alors qu’il y a des escaliers partout chez nous, pas de toilettes en rez-de-chaussée. Nous, on n’avait jamais pensé combien des toilettes au rez-de-chaussée seraient importantes dans nos vies, un jour.
    Pas d’infirmière, ni de kiné disponibles, pas de place en rééducation fonctionnelle, et personne pour m’aider.
    Tu passes ton temps à pleurer….
    Alors moi aussi je pleure, je bataille comme une folle pendant 2 jours, et j’arrive enfin à te trouver une place dans un établissement de rééducation, parce que j’ai la chance d’avoir eu au téléphone une personne compréhensive.
    S’ensuivent 4 mois de reconstruction physique : « Tu remarcheras ! », je te promets. Je n’en sais rien. J’espère.
    Et tu as remarché : tu es passé du fauteuil aux béquilles et, un jour, enfin, tu as le droit de poser le pied par terre. On a soigné tes blessures… physiques.
    Voilà, tu rentres à la maison, apeuré car tu ne te sens plus en sécurité, tu n’es plus dans ton cocon blanc du centre de rééducation, et moi, la journée, je pars travailler parce qu’il le faut bien…
    Et tu m’agresses, m’insultes, hurles sans raison, et moi j’apprends en octobre mon cancer de la thyroïde, il faut que je me soigne…. sans toi, qui ne me soutiens pas, et qui pleures tout le temps quand tu ne cries pas.
    Opération, irrathérapie, hypothyroïdie profonde, kilos, dépression, maintenant c’est mon tour, pendant 6 mois. Pendant ce temps, tu enchaînes les hospitalisations pour ton fémur, on continue à soigner ce qui ce voit et SEULEMENT ce qui ce voit.
    Et puis… je me rends compte, 18 mois après l’accident, que tu ne comprends plus ce que tu lis, que tu ne sais même plus écrire, plus compter… Notre fillette de 10 ans essaie de te réapprendre tes tables, l’alphabet, sans résultat. Et tu passes toujours de l’euphorie à l’agressivité, tu oublies tout, tout le temps, tu ne sais plus bricoler sans faire de bêtises, tu dépenses sans compter, je suis obligée de te priver de carte bleue et de surveiller les comptes sans arrêt….
    Et pendant ce temps là le vide s’est fait autour de nous : mon cancer a éloigné beaucoup « d’amis », et toi tu as survécu à ton accident, alors pour nos proches tout va bien.
    Mais pendant ce temps-là, je bataille aussi toute seule avec les assurances, avant de finalement laisser tomber, tant pis. Trop compliqué, trop épuisant, je préfère consacrer mon énergie à notre reconstruction. Alors nous perdons nos droits, la forclusion arrive vite.
    Pendant ce temps-là, aussi, le corps médical m’entend enfin, et pose le diagnostic, 2 ans après l’accident : syndrome frontal, dû au traumatisme crânien. Handicap invisible pour ceux qui ne vivent pas avec toi au quotidien. Ça modifie ton comportement, ton humeur, ton caractère. Je dois apprendre à aimer quelqu’un d’autre.
    Et la vie qui passe, cahin caha, avec notre fille qui nous pète un plomb à l’adolescence, fugue, hospitalisation, comportement suicidaire, scarification, hospitalisation, thérapie familiale, psychologues, pédo psychiatre, et qui trouve enfin un équilibre et devient une belle jeune maman enfin heureuse….
    Et nous voilà 15 ans après…
    Ma fille nous soutient, mais le reste de la famille s’est éloignée : petit à petit, ton traitement pour le syndrome frontal est devenu inefficace, tu perds à nouveau la mémoire, tu es redevenu agressif.
    J’ai peur de toi depuis quelques semaines, de ce que tu pourrais me faire, et je ne veux pas t’abandonner parce que tu es mon mari, que je me dois d’être là pour toi.
    Notre médecin généraliste, tu le roules dans la farine : tu lui dis que tu vas bien, il te croit. Il est vrai qu’il nous connaît depuis 30 ans… Il ne me croit pas, je le vois bien, quand je lui dis tes difficultés, il pense que j’exagère… du coup il m’a mis sous antidépresseurs.
    Alors j’appelle ton nouveau neurologue qui me fait dire par sa secrétaire qu’il ne gère pas les urgences, et que je n’ai qu’à me rapprocher d’un service d’urgence psychiatrique. Oui, mais tu ne veux pas entendre parler de psychiatre, tu n’es pas fou, c’est moi qui ai un problème, me dis-tu..
    J’ai peut-être une solution : j’ai retrouvé les coordonnées d’un spécialiste des traumatisés crâniens, cet éminent Professeur de la ville de G. que tu avais rencontré il y a 10 ans, qui est à la retraite et qui continue à consulter bénévolement : et oui, ça existe….
    J’ai eu sa réponse hier, une demi-heure après ma sollicitation : il se souvient de toi, de nous, il va nous recevoir. Quel soulagement, quel espoir, j’entrevois la lumière au bout du tunnel.
    Tout ça pour expliquer combien les aidants sont seuls, vraiment seuls.
    Je ne parle plus de tout ça à personne de peur qu’on me dise que je me plains, que le peu de gens, d’amis, de famille, bref le peu de tendresse qui reste s’éloigne encore.
    Je fais semblant.
    Et je suis fatiguée.


    source : http://www.alorsvoila.com ; http://www.agevillage.com
    crédit photo : http://larchedegloire.com