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  • Droit au répit

    le repitLe « droit au répit » n’a pas trouvé sa place
    Cette mesure phare de la loi d’adaptation de la société au vieillissement devait permettre aux proches qui aident des personnes âgées au quotidien de souffler.
    Selon une enquête, 8 % seulement des aidants en ont bénéficié.

    -  « Mon père me disait toujours : tu es ma secrétaire, ma comptable, mon infirmière, et c’était un peu vrai », raconte Nadia, 41 ans. Ce père aujourd’hui décédé, elle l’a en effet choyé pendant cinq ans. Atteint de la maladie d’Alzheimer, il est resté tout le temps de sa maladie chez lui. Mais pour y parvenir, Nadia a dû arrêter de travailler. En effet, malgré sa bonne volonté, « tous les à-côtés de la maladie étaient très lourds à gérer », estime la jeune femme : s’occuper des tâches administratives, trouver une infirmière disponible, financer une femme de ménage, organiser les visites à l’hôpital, etc.

     Une enveloppe de 500 € par an500
    Même sentiment d’épuisement chez Catherine, 55 ans. Pendant quinze ans, cette institutrice en zone d’éducation prioritaire a entouré sa mère, Huguette, elle aussi atteinte d’Alzheimer, décédée à 88 ans. « Je passais des nuits blanches avec maman et j’allais travailler le matin », résume-t-elle. Heureusement, elle pouvait compter sur la halte-répit, un accueil de jour où elle confiait Huguette de temps en temps, « histoire de pouvoir aller chez le coiffeur ».
    Bénéficier de ce genre de pause est précisément au cœur du droit au répit accordé aux aidants, depuis la loi sur l’adaptation de la société au vieillissement votée en 2015. Entré en vigueur en janvier 2016, ce droit est ouvert aux proches de bénéficiaires de l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) « qui assurent une présence ou une aide indispensable au maintien à domicile et qui ne peuvent être remplacés par un membre de leur entourage pour assurer cette aide ». Concrètement, ils reçoivent une enveloppe de 500 € par an afin de financer quelques jours de séjour en établissement pour leur malade, le temps qu’eux-mêmes partent en congé ou s’occupent un peu de leur santé.

    baluchonLa solution du « baluchonnage »
    Ce droit n’a pourtant pas séduit, comme le montre un récent sondage OpinionWay pour l’institut de prévoyance Carac (1). Selon cette étude, 4 aidants sur 10 ont déjà entendu parler de ce dispositif et seulement 1 sur 10 sait précisément de quoi il s’agit. Parmi ces gens informés, seuls 8 % en ont bénéficié. « Il apparaît donc clairement que les aidants ne savent pas que ce droit existe, explique Bernard Altariba, directeur des adhérents de la Carac. Pris par des démarches déjà nombreuses, ils s’oublient au profit du malade. »
    Une certaine culpabilité peut même être ressentie. Il n’est pas facile d’accepter de laisser son parent âgé à d’autres que soi, notamment en cas de pathologies neurodégénératives comme l’Alzheimer. En effet, « souvent les malades ne veulent pas être confiés à des inconnus, loin de leurs cadres et repères habituels. Et de fait, ces personnes reviennent très désorientées chez elles », estime Catherine Ollivet, responsable de l’association France-Alzheimer en Seine-Saint-Denis.
    D’autres solutions seraient plus adaptées, comme des courts séjours entre aidés et aidants ou, surtout, le « baluchonnage ». Cette pratique qui existe déjà au Québec et en Belgique consiste à ce que des professionnels se relaient nuit et jour auprès de la personne dépendante, à son domicile, en l’absence de l’aidant. Mais un tel système se heurterait au droit du travail et générerait des coûts prohibitifs.

    La priorité : simplifier les démarchespile documents
    Le droit au répit tel qu’il est conçu est beaucoup plus limité. « Il ne concerne qu’un très petit nombre de gens du fait de critères d’octroi très restrictifs », explique Catherine Ollivet. Seules les personnes dépendantes qui sont à un stade très évolué de leur maladie sont concernées, et l’aidant ne doit pas pouvoir être remplacé du tout. Il ne doit avoir ni enfants, ni petits-enfants en mesure de le relayer.
    Sur le plan financier, enfin, l’aide octroyée reste largement insuffisante. « Le coût d’une journée en Ehpad n’a rien à voir selon les régions, poursuit la responsable associative. Près de Paris, les 500 € correspondent à cinq jours par an, contre dix en région. Mieux aurait valu donner un droit à un nombre de jours qu’à un montant. » De leur côté, Nadia et Catherine estiment que la priorité serait d’établir un guichet unique afin de faciliter l’accès aux informations et simplifier les démarches administratives et médicales. « Ce serait déjà un gain en sérénité. »

    source :  http://www.la-croix.com
    crédit photo : http://bienvivrechezsoi.be
    ; http://quinncreative.files.wordpress.com; https://upload.wikimedia.org; http://www.bildungsengel.net

  • Nous n'en sommes encore qu'aux premiers balbutiements.....

    relayeurPour offrir du répit aux aidants, il faut expérimenter le
    « baluchonnage »


    S’offrir une escapade pendant qu’un professionnel s’occupe nuit et jour de son proche malade ou âgé à son domicile : un rapport parlementaire rendu public mercredi préconise d’expérimenter le dispositif du
    « baluchonnage » pour « donner un répit indispensable » à ceux qui assument la charge d’aidant familial.

    Créée au Canada et instaurée également en Belgique, cette aide rebaptisée « relayage » par la députée socialiste Joëlle Huillier, qui a conduit le rapport, « pallie l’absence temporaire d’un aidant et s’adresse à des personnes en perte d’autonomie pour lesquelles le changement d’environnement causerait une désorganisation importante et engendrerait une perte de repères ».

    Ce « relayage » permet de quitter son domicile en laissant la personne que l’on accompagne aux soins d’un tiers en toute confiance.

    Mais pour qu’il offre un réel bénéfice à l’aidant, il devrait être « d’au moins deux jours et une nuit soit 36 heures » et sa mise en place se heurte par conséquent à plusieurs difficultés en terme de financement et de législation liée au travail, selon ce rapport remis à la secrétaire d’Etat en charge des personnes âgées, Pascale Boistard.

    « La réglementation en vigueur contraint actuellement à faire se succéder plusieurs relayeurs. Or, les personnes en perte d’autonomie ne peuvent voir se succéder plusieurs personnes sans d’importantes difficultés », est-il expliqué.

    Ainsi, la rapporteuse, qui a fait le tour des initiatives similaires proposées à titre expérimental dans une dizaine de structures de France, préconise la création d’un « comité de suivi » chargé de coordonner des actions menées sur trois territoires expérimentaux.

    « Il nous semble nécessaire que soit introduit dans la prochaine loi de financement de la sécurité sociale une disposition devant permettre la mise en oeuvre des expérimentations et d’assurer leur financement », est-il écrit. Il faut que « pour la prochaine législature, le Parlement reprenne des travaux afin d’apporter les modifications législatives nécessaires à l’encadrement du métier de relayeur ».

    En France, 8,3 millions de personnes aident de manière régulière et à domicile un ou plusieurs de leurs proches pour raison de santé ou d’un handicap. Parmi elles, 4,3 millions de personnes aident un proche de 60 ans ou plus.

    Selon une enquête menée par l’Association française des aidants en 2015, 48 % des aidants déclarent avoir des problèmes de santé qu’ils n’avaient pas avant d’être aidants, 70 % disent ne plus s’accorder de temps pour les loisirs et 59 % se sentent seuls.

    NB : cette nouvelle aide ne devrait plus être conditionnée à l'APA (proposition ICI)

    Du baluchonnage québécois au relayage en France : une solution innovante de répit (lien vers le rapport ICI)
    Sur le même sujet : http://www.gazette-sante-social.fr

    source : http://www.paris-normandie.fr
    crédit photo : http://www.gre-mag.fr